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Paris, 19 avril 1871.
Chère amie,

Votre lettre du 13 m’est parvenue hier au soir. Une heure après, j’étais en conférence avec madame Buloz. Elle n’avait pas reçu le manuscrit de votre roman, bien que dans la prévision de ce qui allait arriver, elle fût restée à Versailles du 7 au 12 avril, où grâce à l’obligeance de son vieux facteur elle a pu revenir à Paris avec un immense paquet de lettres. Malheureusement la vôtre et son précieux contenu n’en faisait pas partie.

Mais rassurez-vous.

Sur mon indication d’un passage de votre dernière lettre que le manuscrit avait été envoyé comme paquet chargé, dont vous lui donniez même le poids et le numéro, elle m’a avoué que non seulement elle n’avait fait aucune recherche dans la section des lettres chargées — qui est séparée des autres — mais qu’elle n’y aurait même pas songé. Inquiète, elle se proposait alors, d’aller elle-même chercher le manuscrit à Nohant.

Aujourd’hui elle se propose d’aller à Versailles, et espère y arriver par Pontoise. Si elle ne réussit pas, je l’ai mise à même de faire remettre le paquet à la légation des États-Unis, laquelle le lui fera parvenir par la valise qui nous est apportée deux fois la semaine à Paris. Comme elle peut écrire par Saint-Denis où elle envoie un messager qui traverse les lignes prussiennes, un mot adressé à son cousin Geoffroy, ancien ministre de France aux Étals-Unis, aujourd’hui au ministère de Versailles, suffira.

Quant à moi, je pense partir samedi prochain pour l’Andalousie. Mais comme le chemin d’Orléans est intercepté à Juvisy par les Versaillais depuis quatre jours