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bitieux, qui, à mes yeux, ont et auront fait plus de mal, cent fois, que les Prussiens !

À vous de tout cœur.

HENRY HARRISSE.

Écrivez-moi si vous le pouvez.

Votre lettre aux journaux a produit un excellent effet.


30, rue Cambacérès.

Dimanche soir.
Chère amie,

Les choses se compliquent ! Je crois que les négociations diplomatiques sont abandonnées, l’Angleterre se tenant à l’écart, et la Prusse ayant déclaré qu’elle ne permettrait l’intervention de personne, que cette intervention fût officieuse ou autre !

Mais ce qui est singulier, c’est la supposition (que je crois fondée) que la Prusse se refuse à reconnaître le gouvernement qui siège à l’Hôtel de Ville, et ne veut traiter — devinez avec qui ?

Je vous le donne en mille ! Elle ne veut traiter qu’avec l’empereur Napoléon III.

Dans ce cas, je ne sais en vérité comment l’on sortira du dilemme.

Paris est complètement transformé depuis hier. Les hôtels, les rues sont presque déserts. La poussière est intolérable, et l’on commence à voir l’anxiété peinte sur tous les visages ; mais pas assez cependant pour dissimuler une détermination de se battre avec la plus grande énergie.

Les gardes mobiles de la province affluent de toutes