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le but de créer des difficultés à la Prusse, en faisant cause commune avec l’Angleterre et les neutres, à ce prix ; ou pour profiter de l’état actuel des choses, d’accord avec la Prusse, et pour contrebalancer l’action de l’Angleterre si elle cherchait à imposer une médiation armée.

Cette médiation armée ne me semble pas aussi proche qu’on le croit généralement à Paris.

Quant à l’action des États-Unis, dont on fait grand bruit ici, elle est tout simplement impossible, contraire à nos traditions et à notre politique. Une action officieuse, de l’accord des belligérants, c’est possible, mais c’est tout, et pour les Américains c’est beaucoup.

Et cependant, je crois à la paix, parce que je crois au bon sens des Allemands, et à la perspicacité de M. de Bismarck. Si la guerre continue, c’est que le parti militaire qui entoure le roi n’aura rien voulu écouter.

La déclaration ou proclamation de la République nettoie le terrain et simplifie les choses ; mais combien elle doit donner à penser aux politiques allemands, eux qui ont toujours combattu et semblent même en ce moment combattre l’envahissement du principe démocratique !

Chose étrange, j’ai toujours pensé que ce qui sortirait de cette guerre, ce serait une République des États-Unis de l’Europe ; et que l’Allemagne serait la première à en ressentir le contre-coup. Mais pour cela, il faut que la République fonctionne en paix en France, et je crains le contraire !

Vous n’avez pas l’idée de l’ignorance, de la jactance, de la présomption et de la violence aveugle des républicains de ce pays. Si la République est encore une fois jugulée, elle le sera par les républicains eux-mêmes !

Une fois la paix faite avec la Prusse, vous aurez une guerre civile épouvantable, sans cause, et dont la responsabilité retombera sur une classe de misérables am-