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… Ce matin, Leneveux est venu me trouver et me remercier en me priant de dire à Ledru-Rollin qu’il les avait humiliés, qu’ils n’étaient point des solliciteurs ; ils avaient voulu servir la République en allant dans la province, mais ils renonçaient à cette mission, et, quoiqu’on les eût blessés profondément, ils n’en étaient pas moins prêts à oublier tout et à se dévouer à la République. Ce jeune homme pleurait en me disant cela.

Il y a eu des discussions autrefois entre l’Atelier, le National et la Réforme. Ledru-Rollin aurait peut-être dû faire comme les ouvriers et oublier le passé !

C’est moi qui ai eu cette idée d’envoyer des ouvriers faire de la propagande dans les départements. Je me suis d’abord adressée au Ministère de l’Instruction publique, dans les attributions duquel serait naturellement rentrée cette fonction d’instituteur des masses. Ma lettre, écrite de Nohant, a été communiquée au Gouvernement provisoire qui l’acceptait d’abord. Mais Carnot ne s’en est plus occupé. Ni lui, ni J. Renaud, ni Charton, ne connaissent les bons ouvriers de Paris.