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du monde entier, de la vie avec ses passions, ses drames et ses comédies sans nombre. En les écoutant, j’ai souvent regretté qu’ils n’eussent pas à dire en public et dans le feu d’une action scénique, ce qu’ils disaient pour épancher le trop-plein de leur âme et pour venger, pour ainsi dire, leur intelligence de l’injuste compression qu’elle subit souvent lorsqu’elle est condamnée à l’exécution d’un rôle faux dans une pièce impossible.

Je ne prétends pas dire que les acteurs soient généralement supérieurs aux écrivains qui travaillent pour eux ; mais je dis qu’il y en a qui le sont. De même que les auteurs sont souvent fort malheureux et se plaignent avec raison de ne pas trouver d’interprètes intelligents pour tous leurs rôles. Je dis surtout que le théâtre ne sera complet que lorsque les deux professions n’en feront plus qu’une ; c’est-à-dire quand l’homme capable de créer un beau rôle pourra le créer réellement, en s’inspirant de sa propre émotion et en trouvant en lui-même l’expression juste et soudaine de la situation dramatique.

On me dira que cette expression sublime vient aux auteurs de génie dans le silence de