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jeunes improvisateurs étaient plus que naturels ils étaient la nature même.

Cela me donna beaucoup à penser sur l’ancien théâtre italien appelé, comme l’on sait : commedia dell’arte. Ce devait être un art tout différent du nôtre et où l’acteur était réellement créateur puisqu’il tirait son rôle de sa propre intelligence et créait à lui seul son type, ses discours, les nuances de son caractère et l’audace heureuse de ses reparties.

Que n’aurais-je pas donné pour voir une action quelconque, fût-ce un conte de nourrice, représenté avec cette réalité qui donnerait le change au point de vous emporter dans le domaine complet de l’illusion !

Voilà ce qu’il ne faut pas chercher dans le théâtre moderne. Il est trop perfectionné pour n’avoir pas perdu sa sauvage originalité et ses émotions naïves. Le progrès qui lui reste à faire est de retrouver à force d’art et d’habileté, la vérité primitive dépouillée des rudesses et du désordre inévitable de ses premiers essais.

Ce n’est point par de brusques révolutions dans le système du théâtre que l’on pourrait