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Mère, lui dis-je, pour raviver sa mémoire, allons voir la fête des mousses !

— Oui, oui, s’écria-t-elle : c’est ce mot-là !

Quand la pluie douce du printemps venait de tomber, quand ces pauvres mousses, arrachées de leur souche nourricière par mes faibles mains, ornaient le jardin d’enfant qu’une femme, une mère, avait construit pour moi, après des jours de langueur et de souffrance, elles reverdissaient splendides, et se hâtaient d’embrasser de leurs frêles petits bras les pierres et les tiges que nous leur offrions pour assises nouvelles. Alors je riais et sautais gaiement, car je connaissais l’aspect du moindre caillou de ce petit monde, et je vous disais le mot qui vous faisait sourire, et vous le répétiez comme charmée de cette idée de fête entrevue par moi dans les plus petits mystères de la nature.