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ma première prière à Dieu, quand vous m’avez été ravie, a été pour lui demander de vous faire retrouver dans l’existence que vous alliez recommencer, une mère aussi éprise de vous, aussi absorbée par vous, aussi attentive à votre bonheur que moi-même.

— Eh bien, dit-elle, ce Dieu bon vous a exaucée, s’il est vrai que je sois celle pour qui vous avez prié. Bénissez-le comme je le bénis.

— Oui, oui, je le bénis tendrement et de toute mon âme, répondis-je, mon égoïsme est chassé par la réflexion, et cette mère que vous avez trouvée, je veux la bénir aussi, s’il m’est permis de la voir.

— Vous la verrez tout à l’heure, dit-elle. Elle n’est pas loin et nous ne nous quittons pas longtemps.

— Hélas ! repris-je, moi je ne vous quittais pas d’une heure, et si vous étiez devenue sous mes yeux, grande et belle comme vous voilà, je ne vous aurais pas quittée d’une minute.

— Nous vivions alors apparemment dans un monde de souffrances ou de dangers que l’on ne connaît point ici ; mais encore une fois,