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lui dis-je, mais je vois à sa beauté, à son harmonie, que ce n’est pas celui où j’ai été séparée de mon enfant. Mon enfant m’a été arraché par ceux qu’on appelle les hommes, et c’est dans leurs mains qu’il est mort.

— Mort ? dit la belle jeune fille avec surprise. Ici les enfants ne meurent que bien rarement ! Les vieillards seuls nous quittent en grand nombre quand ils ont accompli la loi de la vie. Et puis ici on n’arrache pas les enfants à leurs mères. Je vois bien que vous n’êtes pas de ce monde-ci et j’ignore comment vous y êtes venue. Mais nous savons que les âmes des autres terres peuvent venir sur la nôtre, et qu’elles y apparaissent comme des êtres semblables à nous. Je sais que j’y suis venue moi-même plusieurs fois par la pensée alors que j’habitais ailleurs, et que j’y suis née après avoir vécu ailleurs.

— Avez-vous donc la mémoire de vos existences précédentes ? lui dis-je, plus frappée à chaque instant de sa divine ressemblance.

— Nous en avons la certitude, répondit-elle. Notre foi nous la donne, nos sciences nous l’enseignent, et un instinct naturel que l’édu-