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contemplation dura des heures ou des années. Peut-être dura-t-il des siècles. Peut-être n’étais-je pas inerte comme je me l’imagine ; je n’ai de souvenir distinct que celui qui se présente à moi maintenant.

Le réveil complet fut lui-même le résultat d’un souvenir net : la cause de mes larmes se retraça à ma pensée et je sentis la douleur aussi intense qu’elle l’était au moment où j’avais perdu la lucidité de mes perceptions. Je crois qu’alors je me levai et que j’essayai de regarder avec intérêt le milieu nouveau dont j’étais environnée.

Tout était printemps et soleil, fraîcheur et délices, les plus belles scènes de la nature m’appellaient à l’admiration, mais mon âme s’y refusait. Un désir et une inquiétude me rendaient insensible à ce qui n’était pas le but de ma présence en ce lieu fortuné.

C’est elle que je cherche, c’est elle qui me cherche peut-être, c’est elle qui m’a dit : « Viens ! » Voilà l’idée unique dont je pouvais me rendre compte.

Et je la cherchai longtemps, longtemps à ce qu’il me semble, mais combien de temps, en