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dépeignent aujourd’hui les journaux réactionnaires, il faut qu’il ait bien souffert en certains pays ; car je vois autour de moi qu’il souffre déjà beaucoup sans se venger et presque sans se plaindre.

Comment notre province s’est-elle tenue si tranquille, si l’appât du pillage et la soif du sang sont le rêve du paysan et de l’ouvrier ? Ici les mœurs sont douces. Pourquoi ? Parce qu’il y a moins de misère et moins d’ignorance apparemment que dans d’autres localités, et pourtant il y a encore infiniment trop d’ignorance, infiniment trop de misère. Pour que la rage s’empare du pauvre, mon Dieu, combien il faut qu’il souffre ! cela est effrayant à penser.

Le drapeau rouge ! Je ne tiens pas à cette couleur-là, autant qu’au doux nom consacré par les siècles et dénaturé par d’aveugles inimités. Le titre de rouge ne m’a jamais beaucoup flatté, et le blanc est certainement plus beau à l’œil et à la pensée, quand on le sépare de l’idée de monarchie. Nous le reprendrons un jour, le drapeau de la vieille France et nous ne nous laisserons pas toujours qualifier de rouges, c’est-