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conduite ici me paraît droite et logique. Mais qui pourra lire la Presse, veuve de Girardin ? La seule vue du titre, à présent, donne des nausées, c’est comme la vue d’une cheminée sans feu au milieu de l’hiver. Puisse-t-il chauffer la Presse en dessous comme un calorifère, si une ombre de liberté reparaît !

Mais le président peut-il rendre la liberté et se tenir trois jours debout ? Voilà le problème. Pour que Girardin ait donné sa démission de publiciste, lui qui vivait dans cet élément, d’une vie si heurtée, si fantasque, mais si intense et si brillante ; pour qu’un homme si avide d’action intellectuelle, si habile à manier l’idée et le fait, si merveilleusement doué de la faculté de se retourner d’un horizon à l’autre sans laisser jamais à ses ennemis la possibilité de constater une apostasie, pour que Girardin enfin ait perdu la parole, la volonté de combattre quelqu’un et quelque chose, il faut bien que ce qui tente de s’établir n’ait aucune condition de vitalité, sans cela ce roi de l’expédient eût trouvé moyen de se servir de la situation pour espérer et faire espérer quelque chose de nouveau.