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régime est impossible. Il est aussi impossible de l’accepter longtemps qu’il est impossible de le secouer aujourd’hui. On s’est laissé enlacer par le réseau de fer, comme disent ces fiers généraux, et il faudra du temps pour en rompre les premières mailles.

L’absence de liberté de la presse est peut-être plus sensible encore au Français d’aujourd’hui que l’absence de liberté de locomotion et de réunion. On s’est fait un besoin de premier ordre de pouvoir chaque jour compléter et affermir sa pensée, non seulement par la connaissance détaillée des faits, mais encore par la discussion pour ou contre les principes qu’on a adoptés. Ces pauvres premiers-Paris du Pays font mal au cœur. De tant de publicistes intéressants deux ou trois, restés debout, se battent les flancs pour nous dorer la pilule ou nous rendre l’espérance. On sent qu’ils sont consternés eux-mêmes, et, quoi qu’ils fassent, ils ne peuvent excuser la Providence dont les desseins sont en ce jour, plus mystérieux, plus inexplicables que jamais. Ah ! ne l’essayez pas, elle en sait long, sans doute, mais nous, nous ne savons rien.

La Presse reparaît sans Girardin, dont la