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aussi ! beaucoup plus effrayant qu’une insurrection.


Trois heures du matin, le 13 décembre.

On ne vit plus nulle part, sous la pression d’une terreur organisée comme celle-ci, et c’est alors qu’on s’aperçoit combien la liberté est une chose nécessaire à l’homme du xixe siècle. Il est aussi impossible de l’habituer à la privation d’indépendance morale et physique, que de faire remonter un courant vers la source. Si mal que nous étions il y a douze jours, il semble déjà, en regardant derrière soi, qu’il y a douze ans d’écoulés depuis le 1er décembre, et que cette triste et sotte phase politique fut une existence de délices au prix de ce que nous avons aujourd’hui. Rien n’est plus antipathique au Français du xixe siècle que cette absence de personnalité qui s’appelle l’état de siège, c’est-à-dire la dictature militaire.

Le peuple le plus enjoué, le plus artiste, le plus vivant de la terre ne connaît rien de plus répulsif à tous ses instincts que le régime de la force aveugle et brutale. La durée d’un tel