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toi. Vos destinées sont communes, vos intérêts bien entendus sont communs, vous êtes le même sang, la même race, et votre ennemi commun, les rois, c’est-à-dire l’étranger, vous menacent de près !

Tout cela, c’est le résumé de nos causeries au coin du feu en famille depuis deux jours. Le calme le plus morne, le plus sinistre, règne ici. Les paysans ne paraissent pas émus de ce qu’ils apprennent. La charrue fend la terre comme de coutume, le soleil brille sur les jeunes blés qui poussent, et le roitelet sautille dans les buissons dépouillés.

À la Châtre, on a reculé devant l’idée d’arrêter nos amis. On les a avertis officieusement de se cacher. Ils s’y sont refusés. La question délibérée a été, dit-on, vivement combattue par Simonnet. Est-ce générosité ? Non, c’est prudence et frayeur. Il a dit que ce régime ne pouvait pas durer huit jours, et on a compris qu’en effet il pouvait ne pas durer huit jours. Nulle part on n’a foi dans cette force brutale, et ceux qui craignent le peuple ne se sentent pas rassurés par le coup de main de la soldatesque. Le silence du peuple est effrayant,