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immense malentendu en était la cause. Eux aussi, ils marchèrent contre l’émeute, quelques-uns en pleurant et en essayant de se justifier à leurs propres yeux par la pensée que cet incendie avait été allumé dans le principe par les prétendants.

Que les premières barricades aient été élevées par des meneurs payés, c’est possible. Qu’importe ? le peuple s’y rua en masse et il fut bien clair pour tous, quand le combat fut engagé sur tous les points, que c’était lui qui criait : Travailler ou mourir. Que fallait-il donc faire ? disent maintenant ces bourgeois démocrates.

Oh ! je n’hésite pas à répondre : il fallait faire volte-face et marcher avec eux contre les soldats de M. Cavaignac, qui, dès lors, étaient bien les mêmes que ceux de Louis Bonaparte. Il fallait au besoin vous faire tuer entre deux feux.

Est-il donc si difficile de mourir en protestant ? Mais, non, vous ne l’avez pas fait, vous avez eu plus peur du peuple que de la réaction et vous n’avez pas senti dans vos veines le sang du vieux Jacques qui se révoltait contre vous-mêmes ! Vous avez tendu le dos à la dictature