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qui a le moins la notion de la justice ou de l’injustice des hommes, la conscience du mal et du danger par conséquent.

L’enfant ne sait pas ce qu’il fait. Vous voulez le lui apprendre, vous le tourmentez, vous le grondez, vous le contrariez, il se révolte et vous ne vous lassez pas. C’est que vous savez qu’il ne sait pas.

Que Dieu le prenne dans vos bras au moment où vous êtes le plus sévère avec lui, le plus mécontent de lui, vous fermez vos bras pour le retenir. Vous savez bien que celui qui sait tout, lui pardonnera tout, mais vous ne voulez pas qu’il parte, vous ne voulez pas qu’il meure, vos entrailles se déchirent à cette idée horrible.

Ah ! conservateurs, vous avez tous des enfants, vous les chérissez ainsi, et vous ne comprenez pas que Jacques, le vieux Jacques, qui est toujours un enfant, est précisément l’enfant sorti de vos entrailles !

Quand votre fils grandit, ses passions s’exaltent et souvent il fait des fautes graves à vos yeux d’homme mûr et de père rigide. Dans ces moments-là, vous avez de vives angoisses. Ah ! si mon fils allait s’égarer tout à fait, s’il