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dit-on, à Paris, et le soir on redevient tranquille en apparence comme tous les soirs depuis le 2. Les proclamations annoncent que le calme règne à Byzance, les autorités s’enhardissent. Demain plusieurs de mes amis seront arrêtés probablement pour avoir été aux nouvelles ou tout simplement parce qu’ils déplaisent. Le système est d’arrêter les gens influents qui pourraient, on le croit, servir de chefs à une résistance. Grande erreur !

Si le peuple se soulevait sans direction et sans conseil, il serait peut-être plus vite écrasé, mais ce ne serait pas sans avoir fait sentir sa griffe et sa dent, et on lui retire les amis les plus calmes et plus sages qui pourraient peut-être le retenir et le moraliser dans sa colère. Mais c’est ce qu’on veut. On veut que Jacques fasse le mal, afin de pouvoir le déshonorer en le tuant !

Ah ! pauvre Jacques ! jusqu’à ce jour pourtant il a fait bon d’être avec toi. Tu n’as pas versé le sang, tu as pardonné, patienté, tu as été sublime par moments, insensé parfois, mais toujours à force de confiance et d’enthousiasme. Tu es pur encore, et on peut t’aimer sans dé-