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Ils regardent aussi, ils ont le droit de nous envoyer des balles s’il leur plaît. Voilà où nous en sommes.

Ils s’en vont ; l’officier faisant un geste significatif avec son sabre, leur dit ces mots très clairs : À hauteur d’homme.

On ferme les boutiques. Manceau sort pour acheter du savon, Lebl[1]… fait mes comptes, je fais mes malles.

Il y a une grande effervescence. La rue de la Harpe est fort agitée, on y tire quelques coups de fusil. Un peloton de gendarmerie mobile passe, une cinquantaine d’hommes, ouvriers, bourgeois, étudiants, sans se rassembler précisément, se pressent au coin de la rue et leur crient : « À bas le despote, à bas les traîtres ! Vive la république ! » Ils continuent de marcher, le dernier se retourne et couche en joue. Tout le monde s’éloigne. Des servantes et des ouvrières effrayées descendent la rue en courant.

On entend des coups de feu, et le canon au loin. Maillard, l’acteur, m’a dit chez Thomas

  1. Leblanc, concierge.