Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée

Comme on disait à Paris que la province était déjà en feu, j’ai cru que Maurice était arrêté, ou renvoyé des abords du chemin de fer par une brutalité quelconque. Manceau me tourmentait de son côté pour partir, se sentant responsable en quelque sorte de ma sûreté, l’excellent cœur m’a tant pressée que j’ai cédé et que j’ai promis de partir ce soir. Ce ne sera pas très facile, la circulation est interdite aux voitures et je me sens trop malade pour marcher. Pourtant, voilà Mayer[1] qui arrive avec son petit coupé de louage, et qui s’installe sous ma fenêtre comme si de rien n’était.

Deux heures, je reviens de déjeuner chez Thomas. On a regardé ma voiture avec étonnement, mais sans m’arrêter. Mayer paraît fort résolu et répond de me mener où je voudrai. Où je voudrai I où puis-je aller ? Tous mes amis sont errants ou cachés ; et j’ignore si, à l’heure qu’il est, il en est un seul qui pense et agisse comme je le lui conseillerais. J’ai pourtant vu le papa d’Eugène à déjeuner avec Calamatta[2]. Ils disent que Bedeau n’est pas

  1. Cocher.
  2. Graveur italien, père de la future madame Maurice Sand.