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parce que l’esprit publie marche vite, et que la semaine prochaine, peut-être, on comprendra le vrai sens de ces mots.

Il serait déjà bien temps d’en finir avec ce ridicule malentendu qui dure depuis le 17 avril et qui risque de rendre les vrais communistes victimes, dans l’opinion des simples, d’une solidarité aussi injuste et aussi pénible pour eux que ce serait pour la classe bourgeoise prise en masse l’accusation de solidarité avec les égorgeurs de Rouen. Encore la partie ne serait-elle pas égale, car l’affaire de Rouen est un fait accompli, et on pourrait le citer comme un exemple de la rage aveugle qui s’attache à l’esprit de propriété mal entendu, tandis que l’esprit mal entendu de la communauté n’a encore montré par aucun symptôme qu’il fût capable de commettre un seul attentat contre la propriété et contre l’humanité.

Le peuple a saisi la différence, encore une fois, et s’il s’applaudit d’avoir gardé le silence lorsqu’une fraction abusée de la garde nationale lui criait aux oreilles : Mort aux communistes ! c’est parce qu’il sait qu’en révolution, il est des erreurs d’un moment qu’il faut pardonner et laisser aboutir au néant, sous peine de les rendre plus graves en les combattant au milieu de l’émotion.

Nous espérons que l’Assemblée nationale ne restera point en arrière du progrès rapide qui se fait autour d’elle dans les esprits, et qu’elle abandonnera dès son début, cette persécution contre le fantôme du communisme, qui n’est qu’un prétexte de mauvaise