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ques-unes de vos idées, aujourd’hui que l’opinion libre du peuple vous place au-dessus de toute persécution. Ce droit, vous me l’accordez d’avance, parce que vous savez que je vous respecte et que je vous aime.

Je vous dirai donc toute ma pensée sur votre projet de constitution. Il porte le cachet d’un esprit ferme et vaste. Beaucoup d’articles expriment mes propres convictions. Plusieurs ne seraient de ma part que l’objet de certains amendements ; mais il en est un contre lequel tout proteste en moi, esprit, cœur, conscience, instinct, et, plus que tout cela, la connaissance que je crois avoir des véritables instincts et de la véritable conscience d’une grande partie du peuple.

Cet article, peut-être n’y tenez-vous pas d’une manière absolue, peut-être le regardez-vous comme une simple question de forme qui ne peut altérer sérieusement le principe essentiel de l’institution républicaine. Je le vois autrement, et, sachez-le bien, ce n’est point par mes yeux seulement, c’est par les yeux d’un grand nombre d’hommes sans intérêt et sans passion que je le lis avec effroi et douleur dans un projet signé de votre nom illustre.

Vous voyez déjà que je veux vous parler de ce principe dont l’institution d’un président plus ou moins, révocable est la conséquence : l’autorité remise entre les mains d’un seul.

C’est là un principe que je ne puis admettre, eussiez-vous à poser dans la balance, d’un côté, un peuple