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— Probablement, mais il n’y a pas d’autre moyen.

— Hélas ! hélas ! une corde, une échelle, ou je suis perdu.

L’homme qui veut rester dans sa maison et qui ne se décide à en sortir qu’en la sentant craquer sous ses pieds, c’est l’esprit du passé, qui ne voudrait rien changer à ses habitudes et qui s’est trop endormi dans une confiance trompeuse.

Le pavé qui s’offre à lui comme un abîme où la mort l’attend, c’est la conséquence funeste de l’aveuglement, c’est l’avenir inconnu que le passé n’a jamais voulu mesurer du regard.

La voix qui crie au passé : « Sautez par la fenêtre, où vous allez brûler avec votre maison ! » c’est le présent, qui constate le danger sans s’occuper de le prévenir. La corde, l’échelle que l’on demande à grands cris pour descendre sans catastrophe dans la rue, c’est la solution de la question sociale.

Oui, oui, hâtez-vous d’apporter l’échelle si vous ne voulez que les intérêts du passé succombent violemment, sans profit pour l’avenir. Et vous, insensés, qui croyez votre maison incombustible, et qui ne voyez pas que vous y avez mis le feu vous-mêmes, vous qui avez méprisé l’échelle, unique moyen de salut, hâtez-vous de nous aider à la placer sous vos pieds ; car, nous autres socialistes tant raillés et tant repoussés par vous, nous n’avions qu’une pensée, c’était de sauver cet édifice social que vous appelez votre maison et que vous avez laissé périr ; et maintenant qu’il va crouler, par suite de votre imprévoyance,