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V

DEVANT L’HÔTEL DE VILLE


28 avril 1848, dix heures du soir.

La voix du tambour ébranle les murailles, les torches rougissent de leurs reflets la façade de ce monument historique, qui a vu déjà passer tant de révolutions. Un flot de baïonnettes étincelantes circule au-dessus de nos têtes. Les citoyens armés exécutent des évolutions rapides et régulières sur cette place, qui fut le théâtre de tant de dévouements décisifs. La porte du milieu est ouverte et laisse échapper un flot de lumière. On dépouille les scrutins. La garde nationale entoure d’une ceinture impénétrable le sanctuaire où s’agitent les destinées du peuple. Le peuple est là, derrière les armes. Il attend la proclamation des noms de ses représentants. Quelques-uns essayent de regarder par-dessus ce flot de têtes, de