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Oui, mes concitoyens, voilà ce qui arriverait si vous pouviez tous venir à Paris. Paris le voudrait bien, si Paris pouvait vous nourrir et vous loger tous ! La République serait bien forte, si tous les citoyens que la monarchie a méprisés venaient s’expliquer avec la République, qui veut qu’on ne méprise personne. Le temps de la guerre civile est passé. C’est malheureux pour les mauvais riches ; mais, enfin, c’est passé pour toujours. Voyez les malheurs de la Vendée et de la Bretagne dans les anciens temps ! ces provinces-là croyaient mieux faire que la République, et leurs paysans se sont battus contre elle. Ils étaient braves et beaucoup avaient de bonnes intentions ; mais ils ne comprenaient pas qu’il n’y a qu’une France, et que tuer un Français c’est faire couler son propre sang. Ils ont forcé la France a faire du mal à ses enfants ; et, en croyant défendre leur droit, ils se sont élevés contre le droit de la nation.

C’est que, voyez-vous, pour une nation, il n’y a qu’un droit, comme, devant Dieu, il n’y a qu’une vérité.

Si vous êtes loin du champ de bataille où le droit du peuple gagne ses victoires, il n’y a que du regret à en avoir pour vous et pour vos frères les artisans ; car, si vous les aviez vus se battre comme ils Font fait, si vous les voyiez à présent, comme ils défendent et conservent la justice, vous auriez été contents de les aider ; et, si vous aviez été là pour les aider, vous vous seriez battus aussi bien qu’eux, et ils auraient été bien contents de votre aide.