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II

ENCORE L’IMPÔT


Je veux vous parler encore, mes bons concitoyens, de cet impôt qui vous chagrine. Il y en a qui disent : « C’est une faute du Gouvernement provisoire, c’est un mal qui vient de la République. » Faites attention, je vous prie, que, si c’est une faute du Gouvernement provisoire, ce n’est pas absolument pour cela une faute de la République. Certainement il eût mieux valu qu’on pût retrancher cet impôt au pauvre que de l’ajouter à ce qu’il payait déjà. Si j’excuse la mesure prise là-dessus par le Gouvernement, ce n’est pas qu’il m’en revienne profit ni plaisir, puisque je paye comme vous, et que je vois votre chagrin. Ce chagrin là corrompt beaucoup ma joie, qui est grande par l’idée que je me fais de la République ; mais je me demande comment, dans le moment où nous sommes, nous aurions pu, si nous avions eu à faire le décret nous-mêmes, nous tirer du mauvais pas où la France s’est trouvée. Cherchons ensemble comment nous nous y serions pris.

D’abord, voyons la vérité des choses. Est-il juste que l’impôt soit réparti également, d’après le revenu de chacun ? Au premier aperçu, on le croirait. Celui qui a beaucoup paye beaucoup, celui qui a moins paye moins, celui qui a peu paye peu, celui qui n’a rien ne