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la France. Enfin nous payions pour tout avoir, et nous n’avions que la centième partie des améliorations qui nous étaient dues. Notre argent servait à enrichir des riches, à acheter des électeurs et à nous brider d’autant plus.

La République veut réparer tous ces dommages. Elle veut que notre marine protège nos établissements et nous procure les denrées étrangères à bon marché. Elle veut que nos armées nous donnent de l’honneur en même temps que de la tranquillité. Elle veut que nous ayons de l’instruction, sans avoir à payer en détailles instituteurs que l’impôt doit payer en masse ; que nos administrateurs soient les serviteurs du bien public, et nous élèvent par la liberté, au lieu de nous avilir par la vente de nos consciences. Elle veut que l’agriculture soit aidée et encouragée, qu’elle soit préservée des vimaires et enseignée comme une science qui doublera les productions. La République veut tout cela et plus encore par la suite des temps. Mais elle commence, elle a de grands embarras, et elle nous appelle à son secours. Courons-y tous, hommes des villes et des campagnes ; c’est nous-mêmes qu’il s’agit de sauver. C’est notre propre intérêt que nous achetons avec l’argent de notre bourse. Quand nous sommes assurés que c’est de l’intérêt de tous nos frères et l’avenir de nos enfants, ne voudrions-nous pas acheter cela avec le sang de notre propre cœur !