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Il est prouvé maintenant que la monarchie n’aurait pas pu marcher deux ans de plus sans arriver à la banqueroute. Et pourtant la République ne veut pas profiter, pour rendre son travail plus aisé et plus court, du droit qu’elle aurait de déclarer l’État insolvable. La République tient à l’honneur de la France et veut payer les dettes de l’État, Elle fait un appel à tous les citoyens français. Elle leur dit : « Vous habitez le pays de l’honneur ; que chacun apporte son denier pour sauver l’honneur de la nation. »

Les habitants des grandes villes, qui voient de plus près l’état des affaires et qui entendent beaucoup parler sur les grands intérêts de la nation, ont consenti tout de suite à faire un grand et honnête sacrifice. Si les hommes des campagnes n’ont pas pensé tout de suite de même, c’est parce qu’ils n’ont pas encore eu le temps de bien connaître la vérité et de faire sur cette vérité de bonnes réflexions.

Les hommes des campagnes sont d’aussi bons citoyens, des Français aussi fiers de leur honneur que les hommes des villes. Ils sont fidèles à leurs engagements, ils respectent leur parole, ils ont la religion de la bonne foi. Quand l’État leur aura rendu ses comptes, comme la bonne foi est l’âme de la République, les hommes des campagnes diront à la République qu’elle a bien fait de compter sur eux.

Ils comprendront aussi que l’augmentation de l’impôt n’est qu’un coup de collier donné de bon cœur par tout le monde à la fois, pour sauver la nation d’un grand accident. La République, qui veut sauver la