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chose, ou refusera-t-il tacitement, en refusant de comparaître, son adhésion à certains faits accomplis ? Voyons, voyons, allons-y tous et regardons-nous en face.

Le peuple ne disait point tout cela. « C’est aujourd’hui fête, disait-il, allons-y tous, que pas un de nous n’y manque. Ce n’est pas une épreuve que nous allons tenter, c’est un acte que nous devons accomplir. Une partie de l’armée rentre dans nos murs ; eh bien, l’armée, c est nous ; c’est elle qui a fait la révolution avec nous : elle a travaillé à nos barricades par son refus de les détruire à mesure que nous les construisions sous ses yeux : elle a consacré notre victoire en feignant généreusement d’être vaincue par nous. Eh ! nous savons bien qu’elle est républicaine, cette armée qui nous a aidé à proclamer la République ; elle n’a pas plus peur de nous que nous n’avons peur d’elle. Qu’elle vienne, et qu’elle soit la bienvenue. Il n’y faut pas tant de façons. »

Quant aux prétendus communistes, nous ne les craignons pas davantage, et ils ont bien raison de ne pas prendre au sérieux notre prétendue terreur, notre prétendue colère. Eux aussi, ils sont le peuple, les cent mille ouvriers qui renient par de nobles proclamations affichées sur tous nos murs les projets audacieux qu’on voulait leur prêter contre notre liberté de conscience. Qu’ils viennent avec nous saluer l’armée, saluer le gouvernement provisoire, saluer la bourgeoisie, saluer le présent, l’avenir, et même le passé, car il faut que tout cela vive en paix, bon gré, mal gré