Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/24

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’état de conspiration peut être un devoir, et que, dans une vraie république, une telle secte devient un crime ; de même que la secte, à l’état de pratique individuelle, qui était un droit sous la tyrannie, devient, sous la république, un abus. Les sectes disent :

« Nous avons la vérité.

» Si nous n’en étions pas persuadés, nous n’existerions pas. C’est grâce à nous que la société, après s’être débattue dans les liens de l’erreur, commence enfin à ouvrir les yeux. Nous qui avons protesté contre la société aveuglée, nous sommes donc les initiateurs véritables, et, maintenant, si on nous conteste cette supériorité, on nous fait injure, on manque au respect et à la reconnaissance qu’on nous doit.

» Nous voulons l’autorité ; nous y avons droit par nos travaux, nos lumières et le long martyre que nous avons subi : nous voulons prendre la direction de cette société nouvelle qui, sans nous, va marcher au hasard et se perdre dans les ténèbres. »

Voici ce que nous, peuple, nous avons le droit de répondre aux sectes qui raisonnent ainsi :

Vous avez une portion de la vérité, vous n’avez pas toute la vérité. Les hommes ne l’ont jamais tout entière ; ce serait nier le progrès et proclamer l’infaillibilité d’une papauté nouvelle. Mais consentons, pour hâter la discussion, à nous servir de votre langage superbe et à vous reconnaître possesseurs de la plus grande somme de vérité possible. Le peuple n’est pas ergoteur, admettons que vous ayez la vérité. Mais