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plus savants, les plus purs, les plus heureux des hommes.

C’est un mal que les sociétés stationnaires engendrent et qu’elles ne peuvent détruire, sous peine de devenir odieuses. C’est un mal qui survit à ces sociétés, et qui les trouble au moment où elles renversent l’obstacle qui les empêchait de vivre.

En effet, toutes ces pensées ardentes ou romanesques, généreuses ou fanatiques, avaient une œuvre à tenter sous le régime de la compression ; une œuvre utile sans doute ; car, de quelque manière que se manifeste l’esprit, l’esprit est nécessaire, et souvent il arrive que les sectes, au milieu de mille erreurs et de mille égarements, conservent et entretiennent, le feu sacré dans le temple désert et fermé de l’intelligence. Mais, quand le temple s’ouvre et que la foule y revient, les sectes devraient se transformer, rompre leur pacte d’exclusion et se précipiter à bras ouverts dans cette foule qui est venue les délivrer, et leur apporter le bienfait de la pensée libre, de la pensée en commun. Elles devraient alors disparaître en quelque sorte et chercher dans ce monde des vivants, dont elles s’étaient séparées, les formes nouvelles de la vérité vivante. Elles devraient comprendre que leur temps est fait en tant que sectes, se contenter d’avoir été les instruments courageux et persévérants d’une lutte épuisée, et bannir toute pensée de lutte matérielle désormais inutile.

Pour mieux nous faire comprendre, nous dirons que, sous la tyrannie, la société secrète, la secte à