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l’ouvrage dans ma partie : on vend tous les équipages, on n’en commande plus. On va fermer, à ce qu’on dit, les ateliers nationaux. Songera-t-on à mettre quelque chose à la place ? Nous avons des fusils ; nous sommes cent cinquante mille au moins dans l’indigence ; nous attendons sans rien dire, et on prétend que nous sommes des factieux et des turbulents !

Mille tendres baisers à ma Louise, à mon petit Paul, à ton père, à ta mère, et à toi cent mille.

Ton ami et mari fidèle,

ANTOINE G***.


II

RÉPONSE DE GABRIELLE G***, À SON MARI,
ANTOINE G***
OUVRIER CARROSSIER. À PARIS


4 juin 1848.

Tu as beau être exact à m’écrire, mon pauvre cher ami, je ne peux pas être tranquille : c’est plus fort que moi ! et je ne jouis de rien, parce que tu n’es pas là. Quand je pense que tu pourrais y être, et que tu n’as pas osé, je me fais un reproche de n’avoir pas assez bien plaidé la cause de mon bonheur. J’ai fait comme toi, j’ai eu peur d’être égoïste et de gêner mes parents. Pourtant, j’ai bien vu tout de suite, en arrivant ici, que mes parents s’attendaient à te voir. Ils étaient