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de lâches parce qu’ils ne veulent pas nous assassiner. Eh bien, qu’ils s’y frottent à ces enfants-là, ces messieurs ! qu’ils nous ramènent les Cosaques, comme ils l’ont déjà fait, ces messieurs, et ils verront ce que c’est que les enfants de Paris !

Là-dessus, il faisait sa grosse voix, et ces messieurs s’en allèrent par prudence d’un autre côté. Moi, je pris le bras de Coquelet pour le faire tenir tranquille, et nous marchions le long du défilé pour tâcher ’de rejoindre les camarades, si c’était possible. Mais il y avait tant de monde, qu’on ne pouvait guère se reconnaître et se retrouver. Nous vîmes les jeunes mobiles qui étaient debout sur le mur en terrasse de la chambre des représentants, et qui coupaient les branches d’arbres pour les passer aux citoyens, et c’était un joli coup d’œil. J’en eus les yeux pleins de larmes pendant un moment, car ces enfants, si bons militaires déjà, et si enragés de se battre contre l’ennemi, avaient du bonheur à fraterniser avec le peuple, dont on ne les séparera jamais, quoi qu’on fasse. Ils ne savaient pas plus que nous, les pauvres enfants, ce qui allait se passer. Ils croyaient, comme nous, que les députés étaient bien aise de fraterniser aussi. Et on riait, on se serrait la main, on criait : « Vive la Pologne ! Vive la République démocratique et sociale ! »

Tout allait bien.

Coquelet m’amusa beaucoup en cet endroit, parce qu’il voulait me faire une citation.

— Vois-tu, qu’il dit, c’est l’histoire de Guillaume