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entré en nous peu à peu, à mesure qu’il se retirait de l’Église. L’Église devenant la maison des riches, l’Évangile se réfugiait dans le cœur du pauvre, et, à présent, il y règne, il y fonde un dogme et un culte nouveaux.

Mais où est le Dieu ? Il n’est plus enfermé dans un calice d’or ou d’argent. Son esprit plane librement dans le vaste univers, et toute âme républicaine est son sanctuaire. Comment s’appelle la religion ? Elle s’appelle République. Quelle est sa formule ? Liberté, Égalité, Fraternité. Quelle est sa doctrine ? L’Évangile, dégagé des surcharges et des ratures du moyen âge ; l’Évangile, librement compris et interprété parle bon sens et la charité du peuple. Quels sont ses prêtres ? Nous le sommes tous. Quels sont ses saints et ses martyrs ? Jésus, et tous ceux qui, avant et après lui, depuis le commencement du monde jusqu’à nos jours, ont souffert et péri pour la vérité.

Voilà pourtant tout le dogme dont la France éclairée et tout ce qui est éclairé dans l’univers se contente depuis longtemps. Pourquoi ne s’en contenterait-on pas toujours ? Il est simple et court. Tout le monde peut le comprendre. Tout le monde peut le pratiquer, la République aidant !

Mais l’Évangile, dira-t-on, est lui-même un poème merveilleux, tout rempli de miracles, et, si vous niez les miracles, vous niez l’Évangile.

Nous ne faisons pas trop la guerre aux miracles de Jésus. La science physiologique nous a appris que la foi, l’émotion, une forte commotion dans l’ordre moral, guérissaient les maladies du corps ; et, sous ce