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le livre de la doctrine avec tous ses symboles sur l’autel, elle soit plus près que nous tous de se retremper à sa source. — Eh bien, non, c’est le contraire. Elle a perdu dans l’habitude du merveilleux, qui a été son instrument de pouvoir sur les masses ignorantes, la notion distincte du vrai et du faux. Il ne dépend pas du prêtre d’être orthodoxe et croyant sans être fou, ou faible d’esprit à ce point de fonctionner intellectuellement sans le secours de la raison humaine.

Par exemple, sur quoi repose le point de départ de la croyance catholique ? Sur la divinité de Jésus. Jésus, pour le croyant apostolique et romain, ne peut pas être un saint homme, un philosophe sublime. Il faut qu’il soit le Verbe fait chair, une des personnes de la trinité divine. Il faut que le divin fils du charpentier (car nous autres, chrétiens de 1848, nous lui laissons l’épithète de divin qui exprime notre enthousiasme et qui ne nous rend pas suspects d’idolâtrie) ; il faut, pour le prêtre, que le divin fils du charpentier soit né du commerce d’une Vierge avec l’Esprit-Saint. Il faut enfin que, sur ce point comme sur tous ceux qui en sont la conséquence dans le mythe catholique, les vieilles formes poétiques du paganisme interviennent, formes puériles et riantes qui portent une date précise et font de Jésus le dernier dieu de l’ère païenne, mais que la raison de l’ouvrier le plus simple et le moins ergoteur n’admet pas plus aujourd’hui que celle du prêtre lui-même.

Or, si le prêtre jouit de sa raison, il ne croit pas à la divinité de Jésus ; donc, il ment aux hommes. Il en