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l’Assemblée pourrait bien appartenir à ces hommeslà, et le National s’est ému, avec raison, parce qu’avec eux et quelques meneurs plus visiblement hostiles à la République, notre République pourrait bien fondre au soleil de mai comme une statue de cire, en dépit des efforts des socialistes. Le National tend donc la main aux socialistes. Faisons des vœux pour que les diverses nuances de l’opposition nouvelle ne fassent plus qu’un front de bataille bien serré et bien uni.

La question des femmes est venue mêler, cette semaine, un peu de gaieté au sérieux des événements et des préoccupations. Certains clubs sont envahis ou menacent de l’être par les dames socialistes. Ces dames ont raison de s’occuper du progrès que la République promet de faire entrer dans les mœurs, dans la législation, dans la condition morale et matérielle des femmes du peuple, dans l’éducation de l’un et de l’autre sexe. Mais ces dames ont tort de vouloir se jeter, de leurs personnes, dans le mouvement. On ne leur conteste point le droit de lire, de penser, de raisonner et d’écrire ; mais, quel que soit l’avenir, nos mœurs et nos habitudes se prêtent peu à voir les femmes haranguant les hommes et quittant leurs enfants pour s’absorber dans les clubs.

Je ne vois point que, dans l’état actuel des choses, les femmes doivent être si pressées de prendre une part directe à la vie politique. Il n’est point prouvé qu’elles y apportent un élément de haute sagesse et de dignité bien entendue ; car, si une grande partie des hommes est inexpérimentée encore dans l’exercice de