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foi de la part de quelques-uns pour étouffer l’avenir du peuple dans son germe ; une prévention de l’ignorance et de la crédulité de la part de beaucoup d’autres pour s’épargner la peine de comprendre la situation véritable des choses.

Le peuple a compris aujourd’hui ce que c’est que le véritable communisme. Il sait que M. Cabet n’est pas l’inventeur de cette doctrine, car elle est aussi ancienne que le monde. Il sait que le roman intitulé Icarie n’est point le code du communisme, parce que le véritable code, c’est l’Évangile quant au passé et au présent, c’est l’Évangile introduit dans la vie réelle sous le nom de république quant au présent et à l’avenir. Le peuple sait aussi que le communisme immédiat dont on s’est tant effrayé et qui n’existe peut-être que dans l’imagination troublée de quelques hommes, est la négation même du communisme, puisqu’il voudrait procéder par la violence et par la destruction du principe évangélique et communiste de la fraternité. Le peuple sait que la secte de M. Cabet est essentiellement pacifique et inoffensive, qu’elle n’aspire qu’à s’isoler et à se livrer à la pratique d’une utopie personnelle, rêve sans avenir d’un avenir fantastique, car l’avenir ne se prête point aux formes que le présent prétend lui imposer. Le peuple sait enfin que persécuter M. Cabet et le rendre responsable des passions violentes qui viendraient à s’agiter dans l’ombre serait une injustice et une lâcheté, car la secte de M. Cabet est faible et honnête et ne menace la tranquillité publique ni par son nombre, ni par