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Nous les trouvâmes à la place qu’il avait désignée, et mon frère les tua.

— Maintenant, dit-il, nous ne verrons rien d’ici à une demi-heure : regardez à vos montres.

La demi-heure écoulée : — Je veux tuer un lièvre, dit-il : il faut que je le tue, ce diable de lièvre !

Le lièvre passa à une telle distance, que mon frère cria :

— Ne tirez pas, c’est inutile ; il est hors de portée.

Le coup partit.

— Il a beau être sorcier, dit mon frère, il n’abattra pas celui-là. C’est tout à fait impossible.

— Cherche, Rageot ! dit Mouny à son chien.

— Oui, oui, cherche ! dit mon frère en riant.

Rageot partit comme un trait ; c’était un bien bel épagneul blanc avec deux taches jaunes. Il passa la rivière à la nage, car Mouny avait tiré par-dessus ; il flaira les buissons, poussa un cri de joie, fit vaillamment le plongeon dans les épines, et rapporta le lièvre criblé du gros plomb de Mouny.

Ma foi, je commençais à croire que Georgeon s’était mis de la partie.

Il nous fit plusieurs autres prédictions qui se réalisèrent comme les précédentes. Au retour, notre chien Médor tomba en arrêt sur une compagnie de perdrix.

— Laissez-moi tirer là-dessus, dit Mouny en retenant mon frère. Il nous en faut au moins six.

Il en abattit sept.

— Bah ! c’est trop facile ! disait-il tranquillement en les ramassant.

— S’il n’est pas sorcier ou diable, disais-je à mon frère en revenant, il a du moins quelque pratique secrète que je ne devine pas.

— Bah ! répondit mon frère, il a tant étudié les allures du gibier, qu’il en connaît toutes les remises et toutes les