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invoquait souvent la perfectibilité de l’esprit humain, et prévoyait l’avenir qui modifierait les décrets de la Constituante. Camille Desmoulins, dans ses meilleurs mouvements, invoquait contre l’orgueil du clergé l’humilité du Christ prolétaire.

La grande question du vote universel qui nous occupe tant aujourd’hui avait d’éloquents et chauds défenseurs. Lorsqu’on discuta l’imposition du marc d’argent comme condition d’éligibilité, un député s’écria : « Je vote pour que l’on substitue la confiance au marc d’argent ; » et, lorsque la condition du marc d’argent fut décrétée, à son tour Mirabeau s’écria : « Vous venez de faire une mauvaise loi. »

Supposons que, de nos jours, un nouveau concile laïque, ayant l’importance et la popularité que l’Assemblée constituante eut dans son temps, vînt remettre ce point en discussion : tous les socialistes, tous les politiques progressistes seraient-ils d’accord pour substituer la confiance au droit de la richesse ?

Il y a beaucoup plus de politiques que de socialistes dans la classe moyenne aujourd’hui ; on peut dire même que l’esprit de réalisation et d’application est dans le génie du peuple français. La majorité parlementaire serait donc aux politiques, il n’en faut pas douter : c’est pourquoi cette question, prise entre les autres, n’est pas sans importance.

Politiques progressistes, voteriez-vous en masse le suffrage universel ? Hélas ! j’en vois parmi vous qui demandent l’élection à deux ou trois degrés, d’autres l’adjonction des capacités. Je voudrais être certain