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par le morcellement, la concurrence et l’individualisme ? le prolétariat succombant sous l’excès du travail, la cherté des denrées de" consommation et l’insuffisance des salaires ? la mendicité, devenue une plaie publique, réprimée et non assistée ? Vous voulez détruire ces faits horribles et vous avez raison ; mais ne voyez-vous pas qu’ils reposent sur des idées anti-humaines, sur des sentiments contre nature, sur des passions monstrueuses ? Efforcez-vous donc de changer les esprits, de vaincre les cœurs, de transformer les croyances, et alors, espérez que l’action sera bonne. Jusque-là, elle n’est pas seulement funeste en ce qu’elle vous détourne trop du devoir principal, elle est impuissante ; car les mauvaises passions, appuyées sur des doctrines d’une logique impie et diabolique, rient de vos efforts et triomphent de votre courage. »

Les socialistes avaient malheureusement raison ; mais, leur voix n’ayant pas été entendue, leurs exhortations ne produisant que dépit, impatience et raillerie chez les politiques, les socialistes se sont égarés pour la plupart. Les uns sont tombés dans un découragement inerte, ainsi qu’il arrive aux intelligences méconnues, aux âmes tendres froissées, aux dévouements isolés. On ne sait pas combien de grandes convictions se sont flétries, combien de forces précieuses se sont brisées dans ces combats déplorables. D’autres, conseillés par l’ambition, ou égarés par une vaine science, n’ont pas voulu mourir ou n’ont pas su attendre. Ils se sont rattachés maladroitement, quoique avec ruse, à la politique.