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Autrefois on autorisait la vente des communaux dans les cas d’urgence et quand la commune réclamait cette autorisation. À présent on l’impose presque, car, sur de simples officiers municipaux de campagne, quelle n’est pas l’autorité d’un conseil de M. le préfet ? Ça flatte la vanité du paysan riche qui commence aussi à se faire bourgeois et à se déclarer l’ennemi du pauvre ; ça donne la peur à son intérêt qui lui remontre le tort que font à ses récoltes tous ces petits troupeaux des ménageots qui touchent à ses bouchures en passant, et qui même sautent quelquefois par-dessus quand nos damnés gamins s’endorment sous un arbre ou s’oublient à jouer à la marelle ou à danser la bourrée entre eux. Oh ! dame, je sais bien ce qu’on lui dit et ce qu’ils se disent ensuite les uns aux autres, nos paroissiens propriétaires ! « Vous voyez bien que tant de bêtes (il y en a 6 et 800 dans les plus petites communes), ne peuvent pas vivre sur le commun ? Ça va tantôt chez vous, tantôt chez moi ; ça grapille sur tout ; les gardes champêtres sont trop doux, ils leur font miséricorde, ou bien nous sommes obligés de la faire nous-mêmes, parce que, si nous ruinions une famille par un procès-verbal de 50 francs, ces coquins de malheureux pourraient bien en tirer vengeance. Il ne faut qu’un coup de colère, comme dit l’autre, pour vous couper un arbre pendant la nuit ou pour vous faire périr une bête aux champs. (Outre que les malheureux sont quasi tous sorciers et qu’ils savent des paroles pour tarir les vaches ou faire avorter les juments. Les plus riches d’un bourg ne sont pas