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qui n’a pas le sou dans sa poche, il n’y a pas d’ouvrage pour lui. Il faut donner à ces placeurs la moitié de ce que l’on gagne. Quand ils envoient travailler un ouvrier, au bout de quinze jours ils viennent chercher l’argent à la boutique ; aussitôt qu’ils l’ont reçu, ils font ce qu’ils peuvent pour faire sortir l’ouvrier qui né leur a donné que dix francs, à seule fin d’en faire rentrer un autre pour en recevoir davantage. J’ai vu plusieurs fois cinq à six placeurs venir dans la même matinée, dans une boutique où j’ai travaillé, et même donner de l’argent à leurs abonnés pour faire boire les ouvriers, pour les mettre en ribotte, à seule fin de les faire sortir de leur boutique pour en envoyer d’autres à leur place. On ne peut pas se figurer les gueuseries qui se font dans tous ces bureaux de placement.

» Malheureusement pour nous, c’est que les trois quarts des maîtres boulangers sont des épiciers, pharmaciens, perruquiers, cordonniers, chaudronniers, marchands de vin et autres corps d’état, qui font valoir à présent la boulangerie, et qui n’y connaissent rien. Les placeurs leur font entendre ce qu’ils veulent. C’est pour cela qu’ils font sortir les ouvriers à volonté.

» Maintenant, donnons un coup d’œil dans l’intérieur de nos boutiques, où l’élégance, le luxe et les riches peintures brillent. Nous inviterions M. le préfet de police à venir contempler les trois quarts des travaux de cave, ou, plutôt dire, de sombre cachot, où l’eau transpire de tous les côtés à travers les murailles, qui sont entourées de fosses d’aisance, où l’air et le