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larmes à ceux qui ne reviendront pas ? Sera-ce un jour de discussion et de colère, celui où ils rentreront parmi nous ? Non, non, ce jour-là ne sera pas pour la lutte. On aimera trop pour trouver le temps de haïr.

Le lendemain de la crise sera donc inscrit à la date des réélections de tous les pouvoirs qui nous ont procuré les doux loisirs de 1870. C’est alors que la France entière fera son enquête et prononcera sort verdict sur les représentants qui ont ainsi disposé d’elle.

Attendez donc, vous que le général Trochu appelle les ardents, épithète que vous ne devez pas prendre pour une injure, tant s’en faut ! Attendez, car, à cette heure, la France perd le meilleur sang de ses veines, et ce n’est pas à cette généreuse mère épuisée qu’il faut demander une goutte de plus. Attendez ! personne n’a le droit dé penser à soi-même. Il faut soigner les blessés, enterrer les morts, et la besogne est effroyable ! Attendez ! le sentiment humain, remué dans ses phis douloureuses profondeurs, n’a plus la pensée de sa propre conservation. Attendez, car l’histoire de ces terribles événements n’est pas faite, et il faut que l’opinion s’éveille en pleine lumière !

Mais alors, quand chaque conscience aura jugé le fait épouvantable de cette guerre entreprise sans moyens de la faire, quand chacun aura fait le compte de ce qu’il a fallu de deuils et de sacrifices pour réparer les fautes commises, ouvre ton entendement, malheureuse patrie, et prononce sur tes destinées futures. Décide par ton vote si la vie des nations doit