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nous abstraire des préoccupations du droit et de la justice de notre cause. C’est pour cela qu’on a appelé la France le Christ des nations. On peut rappeler ce mot, aujourd’hui qu’elle est de nouveau mise en croix à la face des nations stupéfaites.

L’esprit public se réveillera-t-il ? La question est là depuis le début de la guerre. C’est à ce moment qu’elle eût dû être résolue. Juger le pouvoir exécutif, lui accorder ou lui retirer la confiance publique et passer outre à la défense du pays, tel eût été le devoir d’une majorité qui, dès nos premiers revers, n’a pas trouvé un mot pour accuser ou défendre le pouvoir absolument responsable. Étrange mutisme, unique peut-être dans l’histoire !

Le Corps législatif s’est contenté de changer un ministère sans prononcer le nom de celui qui avait remis à ce ministère le sort de la France. Paris s’est contenté de ce changement. Si, comme je le crois, ceci est une grande faute, difficile à réparer, la responsabilité doit peser sur tous. Le précepte mis à. l’ordre du jour : Pas de politique ! imposé par les uns, accepté par les autres, au Corps législatif et dans tous les rangs de la population active, me paraît le nœud d’une immense déception pour tous, car ce qui est minorité sur un point est majorité sur un autre. Il est certain que, depuis cette fatale transaction, le sentiment conservateur a regardé son triomphe comme assuré, tandis que le sentiment révolutionnaire regarde la question réservée comme le refuge de sa croyance. L’avenir ainsi atermoyé ne nous promet