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— on pourrait dire universel, — que, si le roi Victor-Emmanuel et Garibaldi sont le bras et l’épée de l’Italie, M. de Cavour est le bouclier sans lequel ces preux ne seraient point préservés des flèches de l’embuscade. Cette égide de la raison s’est étendue entre l’Italie militaire et l’Europe hostile, méfiante ou insensible. Celui qui la porte et la maintient, a protégé les luttes homériques, il a enflammé les cœurs français pour la délivrance, il a donné confiance aux partis tièdes/aux esprits craintifs, si dangereux, on le sait, dans leur inertie. Il a rassuré les intérêts, et dès lors toutes les classes se sont levées comme un seul homme ; l’abstention est devenue une honte publique, honte qui se fût justifiée vis-à-vis d’elle-même, en se retranchant derrière la crainte des idées trop nouvelles et trop exclusives.

Nous ne prétendons pas dire que toute autre doctrine que celle de la royauté constitutionnelle n’eût jamais pu chasser l’étranger, même sans la glorieuse intervention de nos troupes. L’Italie a prouvé qu’elle pouvait faire, à elle seule, de grandes choses ; mais les maintenir dans l’assentiment de la majorité des autres puissances, se défendre d’être écrasée brutalement par les unes, abandonnée lâchement par les autres, voilà ce qu’elle n’aurait pu faire avant un demi-siècle, et voilà ce que la prudence de M. de Cavour a su faire au sein du passé, encore debout autour de lui. Représentant un seul principe opportun et applicable en Italie, il a donc contribué à sa délivrance pour une si large part, qu’il y aurait une