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(les Guêpes, mai 1859), et que j’ai eu l’honneur de lui serrer la main, c’était à un banquet d’ouvriers, à propos d’un baptême. J’étais assis à côté de lui. Il fut calme, réservé et simple. Cette simplicité se montrait dans toutes ses habitudes. Je le rencontrai ensuite de temps en temps, au bord de la mer, dans le quartier retiré du Lazaret. Le dimanche, il jouait aux boules avec les marins. »

Sans doute le roi de Sardaigne et M. de Cavour ont vu en lui sinon quelque chose de plus, du moins quelque chose de différent de tous les héros qu’ils pouvaient et qu’ils ont su opposer à l’ennemi de la patrie. Ils ont vu dans Garibaldi ce que le peuple y voyait déjà, une sorte de chevalier des anciens jours, un apôtre de la délivrance, un initiateur comme nous l’appelions, car ils lui ont donné la mission qui convenait à sa prestigieuse destinée, à son influence soudaine, au charme de sa parole inspirée, de sa physionomie, et à l’entraînement de sa foi patriotique. Chargé de soulever les populations contre l’Autriche et d’annoncer la bonne nouvelle tout en harcelant l’ennemi, il remplit un rôle complètement neuf dans l’histoire. Il fait de la révolution au profit de la royauté, et il la fait sciemment, résolument, loyalement, sans être ni dupe ni trompeur.

C’est de sa pensée intime, c’est de son œuvre morale, que nous sommes ici le plus frappés. Ses exploits sont en ce moment dans toutes les bouches, et cette figure poétique, rehaussée de tout l’attrait de l’inconnu, préoccupe, en France, les cœurs et les imagi-