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et le sentiment national, entre la France et l’Italie. De part et d’autre, le combat devient une question d’honneur. Garibaldi défendra son drapeau. L’année française sait s’il l’a bien défendu, et le nom d’un tel adversaire reste honoré dans ses rangs[1].

On sait ce brillant combat de Palestrina, que, durant la trêve, le héros alla livrer à l’armée napolitaine avec une poignée de ses braves. On sait comment il la mit en fuite et rentra dans Rome, vainqueur et blessé, lui, l’invulnérable, qui reprendra quand même son prestige et sa puissance. On sait aussi son héroïque désobéissance qui amena la prise de Velletri.

Mais ce brillant poème a son chant d’angoisse et de douleur qui le complète ; c’est là qu’on aime le héros et qu’on pleure avec lui. Il le faut bien ; c’est dans le malheur que ces grandes existences deviennent sympathiques et se rattachent à l’humanité par les larmes. La pitié est toujours d’une immense tendresse pour ceux dont l’énergie est immense, et un grand cœur qui se brise est un spectacle qui brise tous les cœurs.

« Le 2 juillet, sur le soir, il était sorti de Rome avec quatre mille fantassins et huit cents cavaliers. Sa femme Anita, jeune Brésilienne qu’il aimait tendrement, l’accompagnait. Elle lui avait déjà donné trois enfants, était enceinte du quatrième et n’en avait pas combattu moins bravement à ses côtés. Ciceruacchio leur servait de guide[2]. Embarrassé de bagages et de muni-

  1. Voyez le rapport du général Vaillant.
  2. On se rappelle peut-être la popularité éphémère du pauvre Angelo Brunetti, dit ciceruacchio. C’était un homme du peuple,