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pouvait bien regretter l’ordre établi à tant de frais, le fait consacré par des années de chagrin, de souffrance et de résignation.

Et cependant, il n’en a pas été ainsi. Ce peuple s’est levé, il a compris, il a salué le Piémont, la France et la liberté. On n’a jamais pu le rendre allemand ; il n’a pas oublié le nom et les instincts de la patrie, où, s’il les a méconnus, un jour que la moisson était belle, un jour qu’il disait en lui-même : « Périsse l’Italie, périsse le monde plutôt que ma récolte ! » un autre jour est venu où il a coupé joyeusement son blé nouveau pour le répandre dans l’auge des chevaux de ses libérateurs.

Ses libérateurs sont forts et braves, magnanimes et dévoués. Ils sont nombreux, car, dans cette guerre terrible, depuis le chef d’État jusqu’aux soldats, tout paye de sa personne avec une bravoure incontestable ou une audace splendide. Si l’on voulait dire quel est le héros principal de cette campagne, on serait embarrassé, et, à coup sûr, il faudrait en mettre plus d’un aux premiers rangs.

Mais il est des noms que certaines, circonstances romanesques rendent plus accessibles à la sympathie de l’homme des campagnes, et je ne fus pas étonné, ces jours-ci, de voir le portrait de Garibaldi chez les montagnards dévots du Velay et des Cévennes. Cet aventurier illustre, que naguère certains esprits craintifs se représentaient comme un bandit, était là exposé parmi les images des saints.

Et pourquoi non ? pourquoi ne prendrait-il pas sa