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bûchers de l’inquisition ? Qu’est-ce que ce teutonisme dont on veut effrayer ici le groupe des esprits incertains ? Qu’est-ce que cet orgueil germanique, irrité, nous dit-on, de l’attitude généreuse de la France ? Ah ! enfants de la vraie Allemagne, vous ne comprenez donc pas ? Vous, les penseurs par excellence, vous ne voyez donc pas clair dans les faits ? Quelle est cette fatalité effroyable qui nous diviserait aujourd’hui, quand vous devriez, comme nous, porter au delà des Alpes, le plus pur de votre sang pour le rachat de la liberté !

On craint chez vous, dit-on, que les armées françaises n’envahissent encore une fois votre sol sacré. Craignez ceux qui feignent de croire possible le retour de ces choses inouïes. La France sait bien ce qui Ta perdue, elle ne veut plus repasser par ces chemins perfides de la vaine et fausse gloire. Ce qu’elle fait aujourd’hui, c’est ce que vous feriez, si l’esprit de la Saint-Barthélémy, se réveillant en elle, elle voulait faire du chef de l’Église romaine le bourreau de tous les dissidents. Aujourd’hui pourtant sa pensée est claire, elle veut que toute croyance soit respectée., la foi catholique comme les autres, mais que rien ne soit imposé par la force brutale, les vexations, la spoliation, le cachot et les supplices. Voilà ce qu’elle veut et même ce qui lui est permis de proclamer : et elle vous défie, vous nés des grandes protestations de la conscience, de jurer que le cri de vos consciences ne lui répond pas : « Vive donc l’Italie, »

Nohant, 15 mai 1859.