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d’être notre égal. La misère l’opprimerait tellement que son âme et son corps y succomberaient. Nous serions forcés de l’avoir sous nos pieds comme un paria, et sa honte retomberait sur nous. Ayons pitié de ces pauvres riches ! Attendons le jour où l’État pourra leur donner une éducation et des fonctions qui en feront des hommes ; et, jusque-là, si l’apparence de l’inégalité subsiste encore, s’il y a encore des oisifs et des travailleurs, pourvu que ces oisifs n’entravent pas notre progrès et se résignent à donner de l’argent au lieu de travail quand l’État en réclame ; pourvu que nous ne dépendions pas d’eux, pourvu qu’ils respectent nos femmes et ne souillent pas nos enfants, pourvu que la misère nous quitte, que le travail vienne et que nos enfants soient aussi bien élevés que les leurs, pourvu enfin qu’il soit bien établi en principe que notre devoir envers eux est un devoir d’égalité généreuse et de pardon fraternel, nous regarderons passer en souriant leur orgueil et leur faste.

Oui, voilà, frères, notre devoir envers le passé et envers l’avenir. Qu’il se traduise en mesures de sévérité adoucie autant que possible ; qu’il prenne tel ou tel moyen pour consacrer ce principe de réconciliation et de charité ; la forme n’est pas ce qui nous occupe en ce moment. Le principe est que la peine du talion est abolie, et que le peuple initie l’humanité à une grandeur nouvelle, à une vertu dont le passé n’offre aucun exemple.

Dans les antiques législations, l’initiateur tuait l’initié. C’était un principe sauvage consacré chez tous